CHANGER
«Quand les gens commencent à méditer ou à pratiquer une discipline spirituelle, ils pensent souvent qu’ils vont s’améliorer d’une façon ou d’une autre. Cette attitude représente une sorte d’agression subtile contre ce qu’ils sont réellement.
C’est un peu comme de dire : "Si je fais du jogging, je serai quelqu’un de bien mieux", "Si seulement je pouvais avoir une belle maison, je serais quelqu’un de bien mieux", "Si je pouvais méditer, m’apaiser, je serais une bien meilleure personne". […]
Or, il ne s’agit pas d’essayer de nous changer. La pratique de la méditation n’a pas pour but de nous rejeter de nous-même et de devenir meilleur. Son objet est de nous lier d’amitié avec la personne que nous sommes déjà. La pratique se fonde sur vous, moi, qui que nous soyons, maintenant, exactement, tels que nous sommes.» Pema Chödrön, tiré de "Dire oui à la vie"
Avez-vous remarqué (ou pouvez-vous imaginer) à quel point on s’épanouit quand une personne nous aime complètement, profondément, totalement – exactement comme on est, sans essayer de nous changer? Dans un climat aussi sain et aussi ensoleillé, on se déploie comme un nénuphar en une belle journée d’été.
Pourquoi serait-ce différent lorsque nous sommes la source de cet amour inconditionnel? Pourquoi craignons-nous de stagner ou de nous transformer en mollusque en nous acceptant aussi profondément?
Cela peut sembler drôle à dire, mais on n’a pas besoin de vouloir changer pour changer. Oh, on peut certainement décider de modifier certains de nos comportements, et obtenir le résultat désiré. Cela dit, les grandes transformations qui nous libèrent profondément ne peuvent être faites sur commande, par la simple force de notre volonté. C’est la vie qui s’en charge, de la même façon qu’elle se charge d’ouvrir les pétales des nénuphars sous le doux soleil d’été.
Ainsi, la plus grande chose que l’on peut faire pour devenir le meilleur de nous est simplement de nous détendre, de nous alléger, d’être bon envers nous-même, de faire la paix avec ce que l’on est – bref, de créer en nous le climat ensoleillé qui permet à notre essence de se déployer. Aussi bien intentionné semble-il, notre désir de se changer est souvent le plus grand obstacle au changement, paradoxalement, car il nous rend compact et fermé.
En fin de compte, on pourrait dire que le meilleur de nous n’est pas ce qu’on devient à force de vouloir se changer… C’est ce qu’on devient à force de s’aimer.
Marie-Pierr CHARRON « lettre Matin Magique du 20/09/2013