DE BEAUX PROBLEMES
«Il y a une résolution que j’ai prise et que j’essaie toujours de garder : celle de m’élever au-dessus des petites choses.» John Burroughs
J’ai vendu mon ancienne voiture à bas prix car elle était rouillée. Or, je viens tout juste d’apprendre, quelques mois après l’avoir vendue, que la carrosserie était toujours sous garantie au moment de la vente. J’aurais évidemment eu un bien meilleur prix. Mais personne au concessionnaire ne m’a parlé de cette garantie, même lorsque je leur exposais le problème, et même s’ils voyaient ma voiture plusieurs fois par année. Un employé m’a même recommandé un endroit où aller la faire réparer à coûts réduits.
Je pensais à cela, hier, en fulminant. Qu’ils aient agi (ou pas agi) ainsi me semblait assez incroyable. D’une certaine façon, il s’agissait d’une forme indirecte de vol, rien de moins. Oh, je pourrais certainement les poursuivre, et je gagnerais ma cause… cela dit, investir du temps là-dedans me semblait aussi ragoûtant qu’un bol de crème glacée aux choux de Bruxelles.
Je pensais donc à la situation avec irritation. Puis, après quelques minutes, une pensée m’est venue en tête tout doucement :
«Mais quel beau problème j’ai présentement…»
Êtes-vous familier avec cette pensée? Elle me traverse souvent l’esprit, depuis quelque temps – toujours suivie d’un délicieux relâchement.
On me vole quelques centaines ou quelques milliers de dollars? Beau problème. Mon restaurant préféré s’apprête à fermer? Dommage, mais beau problème également. Je tente de faire avancer un merveilleux projet et le processus est étonnamment compliqué? Un autre superbe problème, en réalité.
Quand il y a un problème, c’est parce qu’il y a quelque chose en partant. Et le simple fait qu’il y ait quelque chose est un cadeau en soi. Si on vit un conflit familial, c’est parce que l’on a une famille. Si on peut ressentir un stress financier, c’est généralement parce qu’on a un minimum d’argent. Si on manque de temps, c’est parce que notre vie est bien remplie, généralement. Et plus on est privilégié, plus on a de choses qui peuvent briser.
Évidemment, certains problèmes sont loin d’être mignons – je n’ai pas besoin de donner d’exemples, ici. Cela dit, si on regarde nos soucis de tous les jours d’un peu plus proche (ou d’un peu plus loin, selon), on notera que la plupart sont d’une délicieuse insignifiance. En fait, dès que l’on élargit le moindrement notre perspective, on réalise que le simple fait d’avoir ce type de problèmes est un immense privilège en soi… Et si on le veut, nos sources de stress peuvent se transformer rapidement en une puissante source de gratitude et de joie.
Lettre de Marie-Pier CHARRON le 01/04/2013