FORMULER DES DEMANDES
(…) si nous voulons que nos besoins soient pris en considération par ceux qui nous entourent, nous obtenons de bien meilleurs résultats en exprimant nos demandes d’une manière qui soit recevable. Supposer que les autres vont deviner nos besoins est une erreur qui mène à la frustration et au ressentiment. Encore faut-il, bien entendu, que nous soyons capables d’identifier nos besoins. Nous avons vu précédemment qu’il était important d’être à l’écoute de nos ressentis afin d’identifier nos besoins réels. En supposant que nous ayons acquis cette compétence, que nous sachions exactement ce qu’il nous faut, nous devons donc apprendre à demander correctement. Il y a quelques erreurs à ne pas faire. Voyons quelles sont les stratégies susceptibles de produire les meilleurs résultats.
La première chose à savoir est que le principal responsable de veiller à la satisfaction de nos besoins, c’est … nous-mêmes ! Personne ne nous doit rien. Nous pouvons facilement tomber dans cette tendance à considérer la vie et les autres comme si nous avions des droits et qu’ils avaient des obligations envers nous. Nous nous mettons alors à faire pression et à exiger plutôt qu’à demander. Cette attitude mène tout droit à l’échec et à la frustration. A l’inverse, il y a une attitude où NOUS nous prenons en charge. Quelle que soit notre demande, elle n’est qu’une demande. Nous sommes à la recherche d’une réponse à nos besoins. Il n’est pas question de pression, ni de faire comprendre aux autres qu’ils doivent s’occuper de nous…Si vous parcourez la liste de nos besoins, en trouverez-vous un seul auquel vous êtes impuissants à répondre par vous-même ?
- Pourtant l’amour, l’attention, la reconnaissance…on ne peut se l’accorder à soi-même !
- Merci Linda. C’est la question que j’attendais. Dis-moi, Linda, si tu vas vers une personne et que tu lui dis : tu dois m’aimer, j’ai besoin de ton amour. Est-ce que ça marche ?
- Pas nécessairement.
- Ce n’est pas la bonne manière, en effet. Et plus tu insistes, moins tu as des chances d’obtenir satisfaction. Bien, disons que tu désires vraiment l’amour de cette personne, comment ferais-tu pour l’obtenir ?
- Je pense que je devrais commencer par lui témoigner un peu d’amour et d’attention moi-même.
- Absolument, Linda. Tu ne pourras réellement satisfaire ton besoin que dans la mesure où tu te prends en charge et communique depuis ton espace intérieur de pouvoir, dans une attitude de confiance et de don…En quelque sorte, tu ne peux trouver ce que tu veux que si tu le possèdes en toi (…). Essentiellement, ce qu’il est important de retenir est que toute attitude de dépendance est contre-productive. Demander implique une négociation, une attitude ouverte à l’exclusion de toute exigence. Toute pression ne peut produire que soumission ou résistance, et dans les deux cas il y a une forme de violence qui engendrera de la souffrance, du conflit et en fin de compte une situation d’échec. La pression est une stratégie qui ne fonctionne pas. Chaque fois qu’on dit à quelqu’un « tu dois », on le déforce, on l’infantilise, on lui enlève son pouvoir et sa capacité de faire précisément ce qu’on souhaite. Cela ne fonctionne pas ! Par conséquent, la première exigence pour la formulation correcte d’une demande « recevable » est de la formuler comme une question ouverte. La personne à qui on s’adresse doit se sentir libre de répondre OUI ou NON.
Michel CLAEYS BOUUAERT « Pratique de l’éducation émotionnelle »