ILLUSION ou UTOPIE ?
A l’illusion de la croissance répond l’option de la décroissance, dont les partisans sont taxés d’utopistes. « Illusionnistes » contre « utopistes » : qui choisir ?
Il n’y a pas de plus grande utopie que celle de la croissance indéfinie dans un système fini. C’est un songe creux, doublé d’un gros mensonge économique, politique et idéologique. Tout ce qui est matériel est fini. La seule croissance indéfinie est celle des biens immatériels : l’esprit, l’intelligence, l’amour, l’amitié, les arts, la création…
Le mot d’ordre, « décroissance ! » n’est pas facile à utiliser. Le public ne le comprend pas. Si l’on dit aux gens des classes moyennes ou populaires : « vous allez décroître ! », ils ne retiennent que l’aspect négatif de la proposition. Beaucoup répondent : « je n’ai déjà pas grand-chose, vous voulez encore m’en enlever… » Un slogan qui ne soulève pas l’enthousiasme ne peut pas fonctionner. Mais, de toute évidence, la décroissance a déjà commencé. Elle nous est imposée. Elle est brutale, inorganisée, faite de délocalisation qui frappent des populations ou des régions entières – avec leur cortège de misère et de rage, lesquelles se traduisent par un vote d’extrême droite chez les plus durement touchés.
Si nous voulons maîtriser la transition vers la société frugale que l’avenir nous réserve de toute façon, nous devons promouvoir la « décroissance » des plus riches, mais utiliser à cette fin un terme plus attrayant, plus chargé de connotations positives. Je propose le mot « partage ». Celui-ci revêt maintes significations religieuses, socialistes ou communistes, mais d’abord morales et philosophiques. Amis « décroissants », chantons le partage, c'est-à-dire la réciprocité et la quête collective du bonheur !
Yves Paccalet « PARTAGEONS ! l’utopie ou la guerre »