"JE" et "TU" co-responsables du "NOUS"
Nous cherchons partout la cause de nos problèmes sans jamais remarquer que nos solutions les alimentent. L’homme de la rue cherche des coupables. Il accuse les parents, les professeurs, les étudiants, les fonctionnaires, les chefs d’entreprises, les syndicats, les policiers, les employés, les immigrants, les intellectuels, les scientifiques, les militaires et bien évidemment les politiques qui, croit-il, permettent la corruption de tous les maux qui en découlent.
Cette chasse aux coupables laisse insatisfait. Elle rend même mal à l’aise parce que, intuitivement, nous sentons bien que nous sommes responsables de ce qui nous arrive.
Quand à faire face à cette responsabilité, il faut croire que nous ignorons encore comment y arriver. Cela explique le manque d’originalité des solutions qu’on nous propose et que nous acceptons. Elles consistent généralement à demander à l’Etat de mettre sur pied des mesures d’assistance, de créer des organismes dont la mission est de gérer nos problèmes à notre place. Curieusement, ces organismes réclament toujours plus de ressources parce que les problèmes qu’ils devaient résoudre s’intensifient au lieu de se résorber.
On peut donc en déduire que nos solutions empirent le problème.
Imaginez qu’on nous demande de trouver la cause de la diminution alarmante du stock de poisson d’un lac.
Ce n’est pas en élevant des poissons dans des viviers artificiels que nous répondons à la question posée. Tant que nous éviterons de nous intéresser à l’eau du lac et aux désordres environnementaux qui entrainent la mort de ces poissons, nous ne proposerons aucune mesure susceptible de solutionner ce problème.
Et s’il en était de même pour les problèmes humains de notre époque ? Si nous avions empoisonné sans nous en rendre compte l’environnement social dans lequel nos propres enfants grandissent ? (…)
En réalité, tout groupe demeure inévitablement sans conscience jusqu’à ce que son mode de prise de décisions rende tous ses membres directement responsables de la conduite du groupe.
Le système démocratique ne tient pas compte de cette réalité, car il encourage la guerre des partis et créé inévitablement des situations de gagnants et de perdants (…) Ce qui favorise plutôt la manipulation de l’opinion et les jeux d’influence.
Dans notre marche collective vers l’autoconscience et la responsabilité, l’histoire nous pousse à aller plus loin et nous oblige maintenant à nous libérer de la tyrannie de la majorité pour trouver des solutions mieux adaptées aux besoins de notre temps (…) la sociocratie est un modèle qui cherche à intégrer la contribution de tous les membres d’un groupe dans le processus de prise de décisions.
Gilles CHAREST « la démocratie se meurt, vive la sociocratie ! »