JE VOIS CE QUE JE CROIS
- Ce que l’on croit de la réalité du monde environnant, agit comme un filtre, comme une paire de lunettes sélective qui nous amène à surtout voir les détails allant dans le sens de ce que nous croyons…Si bien que cela renforce nos croyances. La boucle est bouclée. Si l’on croit que le monde est dangereux, on va effectivement porter son attention sur tous les dangers réels ou potentiels, et on aura de plus en plus le sentiment de vivre dans un monde dangereux.
- C’est logique finalement
- Mais cela ne s’arrête pas là. Nos croyances vont aussi nous permettre d’interpréter la réalité.
- Interpréter ?
- Vous évoquiez tout à l’heure les expressions de mon visage. Ces expressions, tout comme ma gestuelle d’ailleurs, peuvent être interprétées de différentes manières. Vos croyances vont vous aider à trouver une interprétation : un sourire sera perçu comme un signe d’amitié, de gentillesse, de séduction ou d’ironie, de moquerie, de condescendance. Un regard insistant, comme un signe marqué d’intérêt ou, à l’inverse, comme une menace, une volonté de déstabilisation. Et chacun sera convaincu de son interprétation. Ce que vous voyez sur le monde vous conduit à donner un sens à tout ce qui est ambigu ou incertain…Et cela renforce vos croyances. Une fois de plus.
- Je commence à comprendre pourquoi vous disiez que ce que l’on croit devient notre réalité.
- Oui, surtout que cela ne s’arrête pas là.
- C’est infernal votre truc !
- Quand vous croyez une chose, elle vous amène à adopter certains comportements, lesquels vont avoir un effet sur le comportement des autres dans un sens qui va, là encore, renforcer ce que vous croyez. Restons dans le même cas de figure : vous êtes convaincu que le monde est dangereux, qu’il faut se méfier. Comment allez-vous vous comporter quand vous rencontrerez des gens nouveaux ?
- Je vais rester sur mes gardes.
- Oui et votre visage sera vraisemblablement assez fermé, pas très engageant.
- Certes.
- Mais ces personnes qui vous rencontrent pour la première fois vont le percevoir, le sentir. Comment vont-elles elles-mêmes se comporter vis-à-vis de vous ?
- Il y a en effet des chances pour qu’elles restent sur leurs gardes et ne s’ouvrent guère à moi.
- Exactement ! Sauf que vous, vous allez le voir : vous allez sentir qu’elles sont fermées, un peu bizarres avec vous. Devinez comment vous allez l’interpréter, sous l’emprise de vos croyances.
- Je vais évidemment me dire que j’ai raison de me méfier.
- Vos croyances se renforceront
- C’est terrible.
- Dans ce cas, oui. Mais cela marche aussi dans l’exemple inverse : si vous êtes, au fond de vous, convaincu que tout le monde est sympathique, vous allez vous comporter de manière très ouverte avec les gens, vous allez sourire, vous montrer détendu. Et bien sûr cela va les conduire à s’ouvrir eux-mêmes, à se détendre en votre présence. Vous aurez inconsciemment la preuve que le monde est bien sympathique. Votre croyance se renforcera. Mais il faut comprendre que tout ce processus est inconscient. C’est en cela qu’il est puissant. A aucun moment vous ne vous direz consciemment : « C’est bien ce que je croyais, les gens sont sympathiques ». Non. Vous n’aurez pas besoin de vous le dire parce que pour vous c’est normal. C’est ainsi, les gens sont sympathiques, c’est une évidence. De la même manière, ceux qui croient qu’il faut à tout prix se méfier des autres trouvent naturel de rencontrer des gens fermés, désagréables, même s’ils le déplorent par ailleurs.
- C’est dingue. Finalement, sans s’en rendre compte, chacun se crée vraiment sa propre réalité, qui n’est, en fait, que le fruit de ses croyances. C’est vraiment dingue. Hallucinant !
Laurent Gounelle "l'homme qui voulait être heureux"