J'ECOUTE MES RESSENTIS
- Observons simplement la manière dont nous communiquons. Nous avons des mots pour qualifier nos ressentis. Nous les évaluons, nous les interprétons. Nous tentons de les expliquer, de les rationnaliser, et en fin de compte, nous en oublions souvent nos sensations originales. Il nous arrive de ne plus nous préoccuper que de la cause extérieure. Exemple :
- juste là, dans ma poitrine, je sens un poids qui m’oppresse
- mon mental interprète et me dit : « je suis triste »
- il ne tarde pas à m’expliquer : « je me sens seul »
- et aussitôt il comprend : « je suis abandonné »
- bien entendu, il n’en reste pas là : il cherche le coupable « TU m’as abandonné »
- il n’en faut pas plus pour mettre mon mental en grande agitation : « TU n’as pas le droit de m’abandonner ! »
- et au même instant je me sens enragé contre TOI, et je ne m’occupe plus du tout de ma sensation …
- Voyez-vous le processus ? Voilà comment la plupart des gens fonctionnent. Et qu’est-ce qu’il en résulte ?
- Des conflits.
- Effectivement. Des conflits, des frustrations, des souffrances et au bout du compte une vie difficile, parsemée d’embûches. L’alternative est de rester le plus près possible de nos sensations originales, et de trouver les mots qui communiquent ça et rien d’autre. Pourquoi ? Parce que cela fait une énorme différence. Mettre des mots sur nos ressentis, reconnaître nos ressentis pour ce qu’ils sont, les accueillir, les accepter … c’est nous permettre d’identifier de quoi nous avons réellement besoin, sans agresser personne. Exprimer des ressentis bruts permet d’être entendu, d’être respecté, d’être accepté.
RESSENTIS QUALIFIES : je me sens « nerveux », « craintif », « joyeux », « confus », « confiant », « frustré », « en panique », « haineux », « en colère », « fatigué », « en forme », « impatient », « concentré », « heureux », « fier », etc…
*pourquoi nous nous coupons de nos ressentis ?
pas le temps
autres intérêts, autres priorités
interdit ou culpabilité (il ne faut pas … on ne doit pas …)
éducation (on ne nous a jamais appris à …)
peur (peut-être qu’on ne m’aimera plus …)
honte
*comment nous nous coupons de nos ressentis ?
le mental nous aide à les nier
se concentrer sur autre chose
manger, boire, fumer, fuir dans des sensations de plaisir
fuir la situation
oublier, dormir
regarder la télévision
*conséquences du déni de nos ressentis
sensation de mal-être, impuissance, inefficacité, faim, difficultés relationnelles, conflit, échec, tension musculaire, respiration déficiente, douleur, anxiété, maux de tête, maladie.
Michel CLAEYS BOUUAERT « Pratique de l’éducation émotionnelle »