LA SOCIOCRATIE
Cette méthode est exigeante dans la mesure où elle encourage chacun à la vigilance pour débusquer ses peurs et au courage d’y faire face. Ce mode de prise de décisions exige de ceux qui le pratiquent un sens profond de la liberté humaine et une vision écologique du monde. Or, l’histoire des hommes n’a pas toujours été édifiante à cet égard.
D’une part, les structures autoritaires de prise de décisions représentent pour beaucoup la voie de la facilité. Certaines personnes préfèrent que d’autres prennent les décisions à leur place pourvu qu’en échange de leur esclavage, elles soient entretenues par l’Etat ou autrement. Cette attitude leur laisse le loisir de critiquer et surtout, de s’afficher comme des ayants droit victimes des mauvaises intentions d’autrui. Ce faisant, ils gardent bonne conscience, en entretenant l’illusion de leur valeur. D’autre part, les structures autoritaires permettent à certains dirigeants de monopoliser le pouvoir et d’entretenir leur désir pathologique d’influencer les masses.
En fait, c’est le consentement tacite des parties qui, en bout de ligne, crée les dictatures. Ce problème est aussi vieux que l’irresponsabilité humaine.
Nous sommes actuellement, et c’est heureux, à une croisée de chemins historique qui favorise l’émergence d’une forme de prise de décisions plus responsable. Beaucoup plus qu’une nouvelle mode, la gestion par consentement se veut un vaste programme d’éducation à la liberté. Et c’est là sa limite. On ne peut pas prendre pour acquis que tous choisiront la liberté parce que la liberté suppose aussi la responsabilité.
(…) Par définition, la structure hiérarchique induit la notion qu’il y a , d’un côté, ceux qui pensent et décident, les cadres, puis de l’autre, ceux qui vissent et exécutent, les employés. Dans cette structure, les messages du chef sont presque toujours déformés parce que ce qui est exprimé correspond rarement à ce qui est entendu. Le chef dit : « Faites-moi confiance, vous pouvez me parler ouvertement, je ne veux que votre bien ». L’employé entend « Attention, j’ai plus de pouvoir que vous et tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous ». Pas étonnant qu’on se sente mal à l’aise dans ce type de structure.
(…) La structure des cercles de concertation se superpose donc à la structure hiérarchique traditionnelle. Un cercle de concertation doit regrouper des personnes qui partagent un but commun et qui occupent des postes dont la contribution concourt à la réalisation de ce but.
Gilles CHAREST « la démocratie se meurt, vive la sociocratie »