LE BONHEUR N'EST PAS UNE IDEE MAIS UNE CONSCIENCE
Nous avons a conjuguer ces deux injonctions :
1 - « On n’est pas là pour rigoler » ou « tu ne peux pas être heureux » puisque d’autres ne peuvent pas rigoler, qu’il y a tant de choses qui vont mal et que, de toutes façon, il reste tant à faire.
2 - « Tu dois être heureux quand même » puisque tu as la chance d’avoir plus (de santé, d’argent, de relations, de biens, de sécurité matérielle ou affective …), puisque tout va bien (…)
Nous obtenons ainsi un mouvement de cisailles ou de mâchoires qui casse ou broie l’élan de vie en instaurant dans le cœur de beaucoup d’entre nous non pas la confiance en soi et en la vie, mais le doute, voire la peur d’exister, d’être vivant, d’être soi, d’occuper pleinement sa place.
Cette double injonction, à la fois déchirante et tétanisante, créé une inhibition fondamentale encodée dans notre disque dur (…)
Ce qui est tragique dans une telle double injonction, c’est qu’elle soit à la fois généreuse dans son intention (« c’est pour ton bien que je te dis ça ») et, le plus souvent, implicite dans son expression, et ainsi doublement dotée du pouvoir de s’imprégner incognito, de façon subliminale, dans notre inconscient. L’encodage étant donc inconscient, le piège est parfait : inconnu, invisible, inusable.(…)
« Vous savez, on n’a pas le choix. La vie c’est comme ça. Faut encaisser les coups si on veut survivre … » (…)
« J’ai du mal à être heureuse. J’ai encore de la difficulté à m’arrêter de faire ou de courir pour goûter la vie. Je sens que je suis programmée pour l’action et le résultat. Comment pourrais-je m’arrêter pour souffler un peu ? »
Que d’énergie ainsi perdue à gérer cette tension, à tenter de résoudre cet interminable conflit intérieur, cette querelle intestine ! (…)
Surtout quelle priorité nous accordons, pas seulement dans nos vies individuelles, mais aussi dans la vie même de nos communautés et de nos sociétés, à anticiper le pire plutôt qu’à préparer le meilleur, à nous défendre d’une menace éventuelle plutôt qu’à nourrir la confiance !
Thomas d'Ansembourg "Etre heureux, ce n'est pas nécessairement confortable"