L'ORIGINE D'UNE CROYANCE

08/07/2013 09:17

- Vous disiez qu’il existe d’autres origines à ce que l’on peut croire sur soi ?

- Oui il y a les conclusions que l’on tire sans s’en rendre compte de certaines de nos expériences vécues. Un exemple un brin caricatural pour bien illustrer : imaginez un bébé dont les parents réagissent très peu à ce qu’il fait. Il pleure ? Ses parents ne bougent pas. Il crie ? Silence radio. Il rit ? Zéro réaction. On peut supposer qu’en lui va se développer progressivement le sentiment qu’il n’a pas d’impact sur le monde environnant qu’il ne peut rien obtenir des autres. Il ne va pas se le dire consciemment, bien sûr, surtout à son âge. C’est juste un sentiment, un ressenti, quelque chose dont il s’imprègne. Maintenant pour simplifier à l’extrême le processus, notamment en supposant qu’il ne vive pas d’autres expériences allant dans le sens contraire, on peut imaginer, qu’une fois devenu adulte, il deviendra fataliste, n’ira jamais vers les autres pour obtenir ce qu’il souhaite, ne cherchera pas à faire bouger les choses. Si un de ses amis le voit un jour dans une impasse, par exemple sur le plan professionnel il ne pourra que constater sa passivité. Il aura beau essayer de le convaincre de réagir, d’aller frapper à des portes, de prendre sa situation en main, de contacter des gens, rien n’y fera. Cet ami va peut-être, d’ailleurs, le juger sévèrement, alors que son attitude résulte simplement de la conviction profonde, enfouie en lui, qu’il n’a pas d’impact sur le monde qui l’entoure et ne peut rien obtenir des autres. Il n’aura même pas conscience de croire cela. Pour lui c’est ainsi, c’est la réalité, c’est sa réalité.

- Rassurez-moi : ça n’existe pas des parents comme ça ?!

- C’était juste un exemple. D’ailleurs, on peut imaginer l’inverse : des parents très réactifs à la moindre expression de leur enfant. S’il pleure, ils accourent, s’il fait un sourire, ils s’émerveillent, s’il rit, ils s’extasient. L’enfant développera sans doute le sentiment qu’il a un impact sur son entourage et en faisant là encore un énorme raccourci, on peut supposer qu’à l’âge adulte il deviendra quelqu’un de proactif ou encore séducteur, qui sera convaincu de l’effet qu’il a sur les autres et n’hésitera jamais à aller vers eux pour obtenir ce qu’il veut. Mais il ne sera pas non plus conscient de ce qu’il croit. Pour lui c’est juste une évidence : il produit un effet sur les gens. C’est ainsi. Il ne sait pas qu’à l’origine une croyance s’est installée dans son esprit à la suite de ce qu’il a vécu enfant.(...)

Ainsi, nous autres humains avions développé des croyances sur nous-mêmes en raison de l’influence de personnes de notre entourage ou de conclusions inconsciemment tirées de notre vécu. Je voulais bien l’admettre, mais dans ce cas, jusqu’où s’étendaient ces croyances ? Nous avions vu que l’on pouvait se croire beau ou laid, intelligent ou stupide, intéressant ou ennuyeux. On pouvait croire en sa capacité d’influence ou au contraire se croire incapable d’obtenir quoi que ce soit des autres. Dans quels autres domaines pouvait-on développer des croyances ? Je comprenais que l’on puisse croire en un certain nombre de choses et que ces croyances aient ensuite un effet sur notre vie. Mais jusqu’où ? Je me demandais en quoi mes propres croyances avaient influencé le cours de mon existence et en quoi en fonction du hasard des rencontres et de mes expériences, j’aurais pu croire d’autres choses qui auraient ensuite donné une direction différente à ma vie.

Laurent Gounelle "l'homme qui voulait être heureux"