COÏNCIDENCE
Les histoires d’Ellen et de Sam, entre autres, ont renforcé ma conviction, enracinée dans la pensée jungienne : on évolue à son rythme et à sa manière propres vers l’affirmation significative de ce qu’on est en profondeur, même quand les autres, de leur point de vue extérieur, trouvent ce cheminement insensé, destructeur, voire détestable. Si la vie est un récit, alors comme tous les récits, elle se subdivise en chapitres. Et parfois, seule la rencontre profonde et symbolique de l’intérieur et de l’extérieur sous forme de coïncidence significative fournit l’impulsion psychologique nécessaire pour nous aider à tourner la page et à passer à l’épisode suivant de l’histoire que nous avons l’intention de vivre.
Toutefois, l’idée qu’on avance à sa façon vers la personne que l’on est au plus profond de soi n’implique pas que « tout s’arrange de jour en jour ». […] Ces évènements producteurs de sens nous mettent face au fait que notre récit personnel peut être plus riche et varié que nous ne le pensions et que tout s’inscrit dans cette narration, même ce qui nous effraie, ou nous paraît négatif - perdre son travail, par exemple, ou le soutien financier de nos parents.
On l’a vu plus haut en évoquant la dimension acausale, affective et symbolique de la synchronicité, celle-ci se produit toujours dans un contexte de transition - à un moment où l’on se tient sur le seuil - et cela argumente encore en faveur de ma thèse : nous faisons partie d’un « grand tout » auquel nous participons activement. Si nous sommes des personnages, l’histoire ne finit pas forcément bien, mais au moins celle que nous vivons est-elle cohérente et achevée.
Robert Hopcke "Il n'y a pas de hasards"